En tant qu’orthophoniste, je sais que je ne peux pas voir tous les enfants en difficulté individuellement. J’aurais beau essayer, je manquerais d’heures dans ma journée! Et je volerais du travail à mes collègues 😅
Dans le but d’aider le plus d’enfants possible, j’ai donc décidé il y a quelques années d’embaucher des agentes de stimulation du langage. Elles travaillaient en collaboration avec moi et avec les autres orthophonistes qui étaient dans mon équipe. Vraiment, ça a fait une bonne différence pour diminuer le temps d’attente! 💪
Par contre, chaque orthophoniste a sa méthode. Aussi, puisqu’il n’existe pas d’association ou d’ordre des agentes de stimulation au Québec, beaucoup de gens ont des visions différentes du rôle qu’elles devraient jouer.
C’est le sujet de l’épisode de cette semaine, que j’ai enregistré avec Andrée-Anne Lavergne-Therrien. Maintenant que j’y pense, c’est l’agente de stimulation avec qui j’ai travaillé le plus longtemps au sein de la Clinique d’orthophonie du Suroît! 😮
Dans cet épisode, on explique notre manière de collaborer et aussi, on parle des projets d’Andrée-Anne maintenant que ma clinique est fermée. Vu qu’on se connaît depuis longtemps, c’est plus une discussion entre collègues qu’une entrevue formelle. On peut dire qu’on vous emmène dans les coulisses des conversations qu’on avait souvent lorsqu’on travaillait ensemble! 😉
Pour illustrer, pensons à une infirmière et à un médecin. 👩⚕️ 👨⚕️ Ensemble, ils forment un duo super efficace, et ils ont un but commun : aider leurs patients. Par contre, ils ont tous les deux un rôle précis, et pour que tout se passe bien, ils doivent le respecter.
On imagine mal une infirmière donner son avis sur le diagnostic d’un patient, par exemple en lui annonçant qu’il souffre de telle ou telle maladie. 😬 Pourquoi? Parce que poser un diagnostic, c’est le travail du médecin. Une infirmière n’a tout simplement pas eu la formation requise pour le faire.
Évidemment, cela ne veut pas dire que le travail de l’infirmière est moins important. Au contraire, il est nécessaire. Sans infirmières, notre système de santé serait encore plus malade qu’il ne l’est déjà. Ce ne serait pas beau à voir!
Eh bien, c’est la même chose lorsqu’on pense aux agentes de stimulation du langage et aux orthophonistes.
Disons que tu as une fille de 3 ans qui s’appelle Coralie.
Tu t’inquiètes au sujet de son langage, alors tu décides de consulter une orthophoniste. L’orthophoniste rencontre Coralie une ou deux fois dans son bureau, puis elle rédige un rapport présentant la conclusion orthophonique à laquelle elle est arrivée et elle te la présente.
Elle en profite pour te dire que les difficultés de Coralie sont assez importantes, et qu’un suivi permettrait sûrement de les atténuer. Le hic, par contre, c’est que l’orthophoniste est débordée : elle n’a pas de disponibilités pour voir Coralie sur une base régulière. Mais, heureusement, elle travaille en collaboration avec une agente de stimulation du langage, qui a de la place pour voir ta cocotte, elle. L’agente commence donc à travailler avec toi et Coralie, et les résultats sont flagrants. Ta fille s’améliore de jour en jour.
Une chance que l’agente est là pour aider! 🤩
Donc, pour récapituler, l’orthophoniste fait l’évaluation, et chez les enfants d’âge préscolaire, c’est souvent une agente de stimulation qui fait les interventions. Un peu comme une infirmière qui aide un patient suite au diagnostic du médecin… 😊
Reprenons le cas de Coralie, mais du point de vue de l’agente de stimulation.
Après sa rencontre de remise des résultats avec la maman, l’orthophoniste a dit à l’agente que la maman aimerait poursuivre un suivi en stimulation langagière. Ça tombe bien, car une cliente vient de mettre fin au suivi du lundi à 9 h 45. Son fils est rendu super bon, et il n’a plus besoin de rencontres.
La maman de Coralie accepte cette plage horaire, donc l’agente se prépare pour la première rencontre. L’orthophoniste lui fait parvenir le plan d’intervention de la petite, et elle lui mentionne des informations supplémentaires, comme le fait que Coralie est censée aller à La Ronde avec ses parents pendant la fin de semaine. Avec ça en tête, l’agente choisit les jeux qu’elle utilisera, dont un qui porte sur les manèges. 🎢🎡🎠 C’est un jeu parfait pour stimuler la production de mots à deux syllabes, chose difficile pour Coralie.
Pendant la rencontre, l’agente fait participer la maman de Coralie et elle répond à toutes ces questions. Coralie s’amuse tellement qu’elle n’a pas envie de partir, mais sa maman la rassure en lui disant qu’elle va pouvoir revenir jouer la semaine prochaine.
Suite à la rencontre, l’agente prend quelques minutes pour noter ses observations dans le dossier de Coralie. La cocotte semblait avoir de la difficulté avec les mots à deux syllabes qui commencent par « m », comme « montagne », mais la production du son « m » ne figure pas dans la liste d’objectifs du plan d’intervention. L’agente en discute donc avec l’orthophoniste, qui lui dit que cet objectif pourrait être ajouté aux prochaines rencontres.
Après quelques autres sessions, Coralie commence vraiment à s’améliorer. Pour montrer le progrès à l’orthophoniste, l’agente filme une partie de sa prochaine rencontre avec Coralie et l’envoie à l’orthophoniste, qui met à jour le plan d’intervention.
La même petite routine continue pendant quelques mois, jusqu’à ce que l’orthophoniste juge que Coralie a fait assez de progrès pour mettre fin aux rencontres. Avec le cœur gros, l’agente dit au revoir à Coralie et à sa maman, et elle souhaite à Coralie une très belle rentrée en maternelle 4 ans. 🥺👋
Vu ses difficultés initiales, est-ce surprenant que Coralie ait fait de gros progrès?
Non. Dans ma vie, j’ai vu plein d’enfants s’améliorer grâce à l’aide d’une agente de stimulation. Mais, comme une infirmière et un médecin, il faut que les intervenantes travaillent bien ensemble.
Tu as remarqué que, dans le cas de Coralie, l’agente de stimulation a pris des notes après la première rencontre? 📃✏
Eh bien, à la Clinique d’orthophonie du Suroît, les agentes de stimulation devaient prendre des notes de ce genre suite à chaque rencontre avec l’enfant. C’était utile pour l’agente, mais aussi pour l’orthophoniste au dossier.
Si l’agente avait des questions, l’orthophoniste au dossier était disponible pour y répondre. Des fois, Andrée-Anne venait me voir pour savoir si elle pouvait travailler tel ou tel son lors de la prochaine rencontre, et si ça avait du bon sens (ça avait pas mal toujours du bon sens 😉), je disais oui.
Si mon horaire ne concordait pas avec celui du parent, je demandais à l’agente de me filmer un bout de la prochaine rencontre. Tranquille dans mon bureau, je pouvais regarder la vidéo au moment qui me convenait et mettre à jour le plan d’intervention selon mes observations. 😌
En plus, l’enfant avait un lien tellement solide avec son agente que même si j’avais décidé de le revoir dans mon bureau, il aurait peut-être été trop gêné pour me montrer ce qu’il était vraiment capable de faire. Résultat? Un plan d’intervention moins adapté aux besoins réels de l’enfant. 😅
Avec sa collègue Amélie Samoisette, qui est agente de stimulation aussi, Andrée-Anne a fondé une nouvelle entreprise, du nom de Stimuli-Mots. Ce n’est pas trop dépaysant pour elles, car elles ont repris l’ancien bureau de la Clinique d’orthophonie du Suroît sur la rue Chicoine, à Vaudreuil-Dorion.
Ensemble, Amélie et Andrée-Anne travailleront en collaboration avec plusieurs orthophonistes, comme Danielle Roy, Audrey Boissonneault, Ann-Sophie Duquette et moi-même. 😇
En gros, les enfants pourront soit obtenir de la stimulation langagière globale ou de la stimulation langagière ciblée (avec un plan d’intervention orthophonique). Dans le cas d’un enfant qui n’a pas déjà été évalué en orthophonie, le suivi de stimulation langagière globale permettra qu’il ait de l’aide pendant qu’il attend pour une évaluation.
Si tu ne connais pas la différence entre la stimulation langagière globale et la stimulation langagière ciblée, cet article va certainement t’intéresser. Petit secret : c’est Andrée-Anne qui l’a rédigé. 🤫
Grâce à Stimuli-Mots, plein d’autres enfants comme Coralie pourront profiter de l’aide d’une agente de stimulation langagière. 🥳
Si tu travailles en stimulation du langage et tu veux développer tes compétences, j'ai une formation pour toi.
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Si ce n'est pas déjà fait, je t'encourage aussi à me suivre sur Instagram. Tu n'as qu'à chercher @lorianne_orthophoniste pour me trouver !
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L’orthophoniste évalue et diagnostique les troubles langagiers, tandis que l’agente de stimulation applique les interventions sous la supervision de l’orthophoniste, un peu comme une infirmière suit les recommandations d'un médecin.
L’orthophoniste fournit le plan d’intervention et des directives, et l’agente de stimulation met en œuvre les activités pratiques, prenant des notes et rapportant les progrès pour ajuster le plan si nécessaire.
Cette collaboration réduit le temps d’attente pour les interventions, offre un suivi régulier et personnalisé, et permet une meilleure continuité des soins, favorisant ainsi des progrès plus rapides et durables.
Bien qu’il n’existe pas d’association ou d’ordre pour les agentes de stimulation au Québec, elles doivent avoir une formation adéquate et travailler sous la supervision d’une orthophoniste pour assurer l’efficacité des interventions.