En lisant le titre de cet épisode, tu as peut-être eu un sentiment de déjà-vu. 🤔
Ça se peut que tu te sois dit : « Est-ce que je suis dans les patates, ou Lorianne a parlé de ce sujet récemment ? Elle jasait avec une autre orthophoniste sur les adolescents, justement, et le TDL, et les difficultés scolaires qui sont rattachées à ça. Pauvre Lorianne, elle doit commencer à manquer d’inspiration ! ».
Si tu as pensé ça, c’est probablement parce que tu te souviens de mon entrevue avec Marie-Philippe Rodrigue dans l’épisode 61 !
Et oui, c’est vrai que dans cet épisode, on parlait du TDL chez les adolescents. Et oui, c’est de ça que je parle dans l’épisode 69 aussi. 🤭
Mais, je te rassure, je ne manque pas d’inspiration ! Loin de là ! La fille est toujours là, la tête bouillant d’idées et de projets. Don’t worry, tout va bien.
Alors, pourquoi ramener le même sujet 8 épisodes plus tard ?
Facile ! Parce que ce n’est pas le même sujet. 😜
En fait, dans cet épisode, je ne parle pas des impacts du TDL chez les adolescents en ce qui concerne les apprentissages scolaires. No, no, no ! Anabel Buteau Poulin, avec qui j’avais parlé du TSA dans l’épisode 32, m’explique plutôt les résultats de son étude sur le TDL et les impacts qu’a ce trouble de langage sur la vie des adolescents en général.
Ça te tente d’en savoir plus ? C’est parti, mon kiki !
Le TDL, c’est un trouble de plus en plus connu.
Par contre, si on recule dans le temps, même juste de quelques années, ce l’était moins. Pas mal moins.
Aujourd’hui, beaucoup de gens ont une petite cloche qui allume quand ils entendent le mot « TDL », ou « trouble développemental du langage ». Ils ont une idée de ce que c’est, et peut-être qu’ils pensent à un enfant qu’ils connaissent qui vit avec ce trouble, comme le petit voisin, la fille d’une amie, un coco de la garderie…
Bref, on entend souvent parler du TDL en ce qui concerne les enfants en bas âge.
Mais, éventuellement, les enfants qui vivent avec le TDL deviennent des adolescents qui vivent avec le TDL, et ensuite des adultes qui vivent avec le TDL.
Eux, on en entend moins parler. 😅
C’est pourquoi Anabel a décidé de faire un projet de recherche sur le TDL chez les adolescents. Parce que c’est un sujet important dont on ne parle pas assez, et parce qu’elle se soucie particulièrement des groupes oubliés (ou des underdogs, on peut dire).
Pour Anabel, ce projet de recherche avait 2 objectifs majeurs :
Une petite pause avant de continuer 🛑 : si tu ne sais pas ce qu’on entend par « sentiment d’efficacité personnelle », ne t’en fais pas ! Voici une brève définition pour te donner une idée (tirée du site web de l’Université de Montréal) :
« Le sentiment d’efficacité personnelle, c’est la croyance relative qu’une personne entretient face à sa capacité à avoir une bonne performance dans un domaine donné. »
Donc, en gros, est-ce que cette personne se sent assez bonne, assez capable, pour affronter telle ou telle situation ou pour accomplir telle ou telle tâche ?
Anabel, elle, était convaincue que les habiletés communicationnelles ont un impact sur ce sentiment chez les jeunes. Tellement convaincue qu’elle en a fait l’objet de son projet !
Cool, hein ? 😁
Évidemment, pour faire des recherches, ça prenait des « cobayes » ! (Comme il s’agissait de remplir des questionnaires, ils n’ont pas trop souffert 😂.)
Au final, Anabel a pu recruter 49 élèves de 5 élèves secondaires du Québec pour participer à son projet.
Parmi ces 49 élèves, 33 étaient des garçons et 16 étaient des filles. Ce n’est pas un hasard ! Selon d’autres études, la population qui vit avec un TDL est majoritairement masculine (environ 1 gars pour 2 filles).
Que dire de l’âge des élèves ? Le plus jeune avait 12 ans et 1 mois, et le plus vieux, 15 ans et 1 mois. Mais, en moyenne, l’âge était de 13 ans et 6 mois.
Et leur langue maternelle ? Pour 44 des élèves, c’était le français. 2 avaient l’anglais comme langue maternelle, et 3 avaient une langue autre que le français ou l’anglais comme langue maternelle.
Une belle brochette, ça ! 👌
Pour amasser des données, Anabel a utilisé 2 outils bien reconnus dans le monde de l’orthophonie et de la psychologie. Attends, je vais te les présenter :
Le CCC-2 (Children’s Communication Checklist 2 en anglais) est un questionnaire de 70 items permettant de mesurer les habiletés langagières des enfants et des adolescents. Les ados et leurs parents peuvent remplir ce questionnaire, qui est divisé en 10 sous échelles :
L’AEG est une adaptation française du General Self-Efficacy Scale, qui a pour but de mesurer le sentiment d’efficacité personnelle d’un individu. Pour ce faire, cet outil pose 10 questions.
Si ça t’intrigue, j’ai trouvé quelques exemples de questions qui sont posées dans l’AEG (l’échelle des réponses va de « pas du tout vrai » à « totalement vrai ») :
Comme tu l’as vu, ça ressemble un peu à un test de personnalité, mais ça permet de savoir à quel point notre sentiment d’efficacité personnelle est fort. 💪
Dans le projet d’Anabel, l’AEG a été rempli 2 fois pour chaque étudiant : une fois par l’ado lui-même, et une fois par le parent (qui répondait en pensant aux capacités de l’ado).
Pourquoi impliquer le parent ? Parce que les jeunes qui vivent avec un TDL ont tendance à avoir de la difficulté à s’autoévaluer, et ne sont pas toujours conscients de leurs difficultés. Mais leurs parents, eux, ont un point de vue extérieur sur l’ado et sont en mesure de fournir un profil plus juste de ses habiletés.
Une fois toutes les données recueillies, Anabel a sorti sa calculatrice et s’est préparée à partager les résultats ! 🤓
Avoue que c’est intriguant ! 😉
Eh bien, sans plus tarder, voici quelques informations très intéressantes qu’Anabel a découvertes pendant son analyse des données :
Selon les parents, les habiletés de communication qui ont le plus grand impact sur l’efficacité des ados, ce sont :
Ça a tellement de sens ! 😲 Quand je vois mes clients ados en suivi, ça arrive régulièrement qu’ils me parlent de situations sociales où quelque chose a mal tourné. Soit ils n’ont pas compris une blague, soit ils étaient dans la lune… Soit ils ont voulu expliquer quelque chose, mais sans succès, soit ils ont dit quelque chose et les autres ont ri comme si ça n’avait pas de d’allure… Soit ils ont eu un malentendu avec un ami, soit ils n’arrivent pas à débuter des conversations avec de nouvelles personnes… Bref !
Ça, c’est ce qui préoccupe les jeunes. Ça, c’est ce qui a un impact sur leur sentiment d’efficacité, sur leur confiance en soi.
Et si, en tant qu’orthophoniste ou en tant que parent, on travaillait plus sur ces 3 habiletés de communication, dorénavant ? 🤔
Selon les parents, les habiletés de communication qui ont le moins grand impact sur l’efficacité des ados, ce sont :
Aux yeux des parents, ces habiletés sont donc moins importantes (ou moins prioritaires) que les autres.
Et pourtant ! 😳
C’est sur ces habiletés qu’on travaille le plus dans les écoles et dans les interventions individuelles en privé ! Selon les données d’Anabel, on aurait intérêt à switcher nos priorités… 😅
Parmi les 49 jeunes, 35 avaient un diagnostic (ou conclusion professionnelle) associé au TDL.
On peut penser notamment à :
Ouf ! Toute une liste ! 😅
D’après toi, lequel de ces diagnostics était le plus commun parmi les 35 jeunes ?
Si tu as pensé au TDA, bravo ! 👏 C’est en plein ça !
Tu as une idée combien de jeunes sur les 35 avaient un TDA ? 10 ? 15 ? 20 ?
En fait, c’est 30 ! Donc, pour récapituler, 49 jeunes qui vivent avec le TDL ont fait partie du projet. Parmi ces 49 jeunes, 35 vivent avec un autre trouble que le TDL, et parmi ces 35, il y en a que 5 qui n’ont pas de TDA. Ayoye !
Mais quel impact ces autres diagnostics ont-ils sur les habiletés langagières et le sentiment d’efficacité des jeunes ?
Selon l’analyse d’Anabel, presque aucune. Par contre, ces diagnostics ont un impact négatif sur la perception qu’ont les parents de l’efficacité de leurs ados. Selon ces données, plus le jeune a de diagnostics, plus le parent doute de son efficacité et de ses capacités… Intéressant ! 🤔
D’après les recherches, le fait d’avoir eu un suivi en orthophonie au primaire (ou non) n’a pas d’impact sur les habiletés langagières, le sentiment d’efficacité des jeunes et l’efficacité des jeunes selon les parents.
Ce qui semble baisser le sentiment d’efficacité des jeunes (de manière assez marquante), c’est le fait d’être présentement suivi par au moins un autre professionnel de la santé. On peut donc supposer que quand le jeune obtient de l’aide d’un adulte supplémentaire, ça diminue sa confiance en ses capacités à être autonome. 😥
OUI !!!
Comme ça, il pourra en parler à ses amis pour qu’ils le comprennent mieux.
Le jeune va aussi savoir que, si parfois il ne comprend pas des blagues, ou qu’il a de la difficulté à l’école, ce n’est pas parce qu’il est « nul » ou « stupide ». C’est parce qu’il vit avec un TDL, et ça rend certaines choses plus difficiles pour lui !
Mais, comment annoncer ça à ton jeune ?
« Hé, Nicolas, tu sais pourquoi tu as de la difficulté à t’exprimer et à comprendre les autres quand tu interagis avec eux ? C’est parce que tu as un trouble développemental du langage, aussi connu sous le nom de TDL. En gros, c’est un dysfonctionnement qui affecte la communication et qui touche 7 % de la population… »
Hmm, pas tout à fait, surtout s’il est jeune ! 😂
Tu peux tout simplement dire à ton enfant : « Certaines choses sont difficiles pour toi, es-tu d’accord ? ». (L’enfant va sûrement dire « oui ».) « Cette difficulté s’appelle le TDL. »
Ce n’est pas compliqué, hein ? Eh bien, on peut commencer par ça.
Si l’enfant pose plus de questions, on y répond simplement, sans trop le bombarder d’informations.
Au moins, notre enfant saura pourquoi il a tant de misère à faire certaines choses, et il verra que ce n’est pas sa faute. Il sera aussi plus en mesure d’accepter les stratégies de stimulation langagière, et à demander de l’aide s’il en a besoin.
Et la prochaine fois que notre enfant sera triste à cause d’une difficulté qu’il a vécue, on pourra lui rappeler que c’est normal qu’il ait plus de difficulté dans ce domaine en raison de son TDL, et que c’est normal qu’il soit triste. Mais, pour que ça aille mieux, on va travailler avec lui. 😊
Alors, oui, n’hésite surtout pas à dire à ton enfant qu’il vit avec le TDL. Ça risque de lui apporter beaucoup de soulagement !
Plein de choses !
Premièrement, c’était intéressant de voir comment Anabel a dirigé son projet de recherche et de pouvoir décortiquer quelques-uns des résultats.
Parlant de résultats, je dois revenir sur celui qui m’a marquée le plus ! Lequel ?
En fait, je parle de la donnée selon laquelle les habiletés de communication qui sont considérées comme prioritaires dans le système scolaire sont celles considérées comme les moins prioritaires aux yeux des parents pour développer l’efficacité des ados. 😳
Aussi, on a appris que les enfants qui vivent avec le TDL ont le droit d’en être conscients, et que ça peut même les aider.
Donc, qu’as-tu pensé de cet épisode ? C’était un peu plus technique que les autres, c’est vrai ! 😂 Mais si tu as aimé ça, ta lecture n’est pas terminée. Tu peux aussi lire le mémoire complet d’Anabel sur son projet de recherche !
Et pour ceux qui sont plus auditifs ou visuels, tu peux consulter la vidéo qui résume le projet d’Anabel.
Voilà qui fait le tour de cet épisode bien rempli !
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Le TDL est un trouble qui affecte la capacité à comprendre et à produire le langage. Chez les adolescents, il peut entraîner des difficultés académiques, sociales et émotionnelles, impactant leur confiance en soi et leurs relations.
Les adolescents avec un TDL peuvent avoir des difficultés à suivre les instructions, à participer aux discussions en classe et à comprendre les textes écrits, ce qui peut affecter leur performance scolaire.
Les adolescents avec un TDL peuvent éprouver des difficultés à s'exprimer clairement et à comprendre les autres, ce qui peut conduire à des malentendus et à des défis dans la formation et le maintien des amitiés.
Les stratégies incluent un soutien personnalisé en orthophonie, l'utilisation d'outils technologiques pour faciliter la communication, et des adaptations scolaires pour répondre à leurs besoins spécifiques.